Quelques réflexions sur la laïcité : Henri Pena-Ruyz
L’idéal laïque unit les hommes par ce qui les élève tout en les déliant : devenir maître de ses pensées afin de l’être aussi, autant que possible, de ses actions.
La laïcité n’est pas hostile à la religion comme telle, mais à sa traduction politique.
Il faut faire la différence entre la religion comme témoignage spirituel et le cléricalisme comme emprise politique.
La laïcité c’est l’affirmation de trois valeurs qui sont aussi des principes d’ordre politique :
-Liberté de conscience fondée sur l’autonomie de la personne et de sa sphère privée, la pleine égalité des athées, des agnostiques et des divers croyants et le souci d’universalité de la sphère publique, la loi commune devant promouvoir ce qui est d’intérêt commun à tous.
-La laïcisation des esprits consiste à faire respecter l’humanité des hommes indépendamment des figures particulières qu’elle prend du fait des diversités d’allures, de coutumes, et de croyances religieuses. Cela ne veut pas dire refuser « la différence », mais au contraire l’admettre en voyant en elle une des expressions de la richesse humaine. Toute fois, admettre ainsi la différence, cela ne veut pas dire non plus s’interdire tout jugement sur des pratiques attestant un pouvoir de domination ou d’assujettissement. Respecter toutes les cultures, par principe, ce n’est pas tout respecter dans les cultures, ou plutôt tout ce qui au nom d’une culture constitue une chose en soi inacceptable.
-La loi commune, on l’a vu, ne requiert aucun nivellement des différences, mais une invitation à les vivre selon un régime d’affirmation compatible avec les règles de droit.
Une culture qui prétend s’imposer n’est pas une culture, mais une politique.
Dans une république laïque, croyants divers, athées et agnostiques ont leur place, la même, assortie des mêmes droits et des mêmes devoirs.
La déontologie laïque consiste à livrer tous les éléments d’une réflexion personnelle sans prétendre trancher à la place d’êtres humains dont il s’agit avant tout de promouvoir l’autonomie……Laisser l’enfant devenir élève et advenir graduellement à la maîtrise de ses pensées, afin de pouvoir opter lui-même pour la spiritualité de son choix, qu’elle soit celle d’un humanisme athée ou d’une vision religieuse du monde ou encore d’un agnosticisme raisonné.
-La liberté de conscience n’est pas plus religieuse qu’elle n’est athée : elle est simplement , la liberté d’avoir une religion ou de ne pas en avoir, de faire sien un humanisme athée ou un humanisme de type religieux.
Date de création :23/03/2009 @ 18:19Dernière modification :23/03/2009 @ 18:19